Michel
OUDART est un grand-père attentionné. De nombreuses correspondances avec ses
enfants et petits-enfants en font foi. Mais son caractère n'a pas
changé : il est intransigeant, et n'hésite pas à répondre sévèrement à son petit-fils
Edmond qui veut rejoindre l'armée.
Le
30 avril 1880, il reçoit cette lettre d'Edmond :
Mon
cher Grand-Père. Je te demande pardon du chagrin que je vais vous causer
à toi et à ma grand'mère en m'engageant, mais sois-en bien sûr, je saurai
le racheter par la façon dont je travaillerai étant soldat.
Je veux que
plus tard, tu prononces mon nom avec orgueil. Je veux que tu sois honoré dans la personne de ton fils.
Sa
réponse est cinglante : Mon
cher enfant. J'ai bien reçu ta lettre....dans laquelle tu me
fais part de ta résolution de te faire soldat.. J'y réponds.
Je te préviens
que tu es à la veille de commettre une lâcheté ; le mot est dur, mais il
est vrai....Tu as mis dans ta tête de jeune homme de
ne pas travailler, et tu crois, avec ton inexpérience, que le métier de
soldat est une sinécure
; tu te trompes grossièrement. Il faut au contraire
travailler, beaucoup obéir, n'être plus un homme, une chose, une machine....
Maintenant... engage toi, brise nous le cœur, sois ingrat et oublieux,
et tu pourras écrire sur ton drapeau : paresse et ingratitude.
Ton grand-père.
Néanmoins Edmond s'engage : trois ans plus tard, il est tué au Sénégal. Il a 21 ans !
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Marie
et Michel OUDART vers 1870
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