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Michel OUDART, peintre et doreur
Vers 1835, Michel OUDART s'installe à Baccarat avec sa femme et ses trois enfants Joseph, Elisa et Honorine. Il est chargé par la Cristallerie de créer un atelier de peinture, dorure et décoration.
Cet exil lui coûte. Mais cet éloignement le pousse à écrire de longues lettres à son ami Salvador.
Sur l'une d'entre elles, il donne une description très détaillée du fonctionnement de la Cristallerie de Baccarat, des mœurs et coutumes locales en ce début du 19ème siècle.
En 1849, il a la grande douleur de perdre sa fille Elisa qui n'a que 21 ans. Son parrain Salvador lui écrit une lettre posthume  :

A Elise
Va, retourne là-haut, ta première patrie
Que tu n'aurais pas dû quitter.
Ta belle âme trop tôt ici se fut flétrie
Hélas trop faible pour lutter !
La vie est un mensonge et, fille trop crédule,
Qui croyais tout vrai comme toi.
Le malheur eut brisé sous sa large férule
Ton pauvre corps avec ta foi.
Heureusement ton pied, en passant sur la terre,
N'a fait qu'effleurer quelques jours.
Les vices dégoutants de la boueuse sphère
Que tu viens de fuir pour toujours.
Ta blanche robe, enfant, n'est pas encore flétrie
On n'a pas pu t'en déshériter.
Retournes donc au ciel, ta première patrie

Que tu n'aurais pas dû quitter.


Tasse à café réalisée dans son atelier

"Monsieur Habert Alfred
chez Monsieur son père
79 rue St Eloy - Tours"



Lettre de Joseph OUDART à son ami
Louis Alfred HABERT (juin 1850)


Trois ans plus tard, on célèbre les noces de sa deuxième fille, Honorine, avec Louis Alfred HABERT, sculpteur. Ami de Joseph, frère aîné d'Honorine, Louis Alfred le charge de présenter sa demande à ses parents !
Voici la réponse de Joseph OUDART le
16 septembre 1851
"J'ai fait part à mes parents de la demande que vous m'avez fait de la main de ma sœur, et ils m'ont répondu que vous leur conveniez comme gendre. Seulement, à votre retour, je vous engage à faire cette demande dans les formes voulues. Quant à ma sœur, elle ne m'a pas semblé que vous lui seriez indifférent ....
IL y a une petite condition que je vous fais en confidence : nous désirerions que les rôles de tourtereaux ne se prolongent pas trop longtemps ... quatre mois devraient suffire à votre cour."

Effectivement 4 mois suffisent et Honorine épouse Alfred le 24 janvier 1852 !

Honorine OUDART

Courrier  avec la manufacture de Sèvres


Coffret réalisé dans son atelier



Chanson de Salvador pour le mariage d'Honorine

Michel OUDART a son atelier de peinture et décoration de porcelaines au 56, rue du Pré Saint-Gervais à Belleville (Paris 19ème). Il veut transmettre son atelier à son fils Joseph. Mais celui-ci meurt en 1858 : il n'a pas 32 ans ! C'est alors qu'il laisse son atelier à Charles Joseph BRUNETTI qui travaille chez lui depuis 1850.

Michel OUDART a beaucoup de relations, et use de son influence pour faire embaucher son gendre, Alfred HABERT, à la Manufacture Impériale de Porcelaine de Sèvres (1864).

En 1866, il est nommé administrateur de la Caisse d'Epargne de Paris.
En 1871, il est juré à la Cour d'Assises de Paris.

En dépit de sa notoriété, il continue ses joutes épistolaires jubilatoires avec son ami Salvador. Chacun y va de son poème ou de son couplet sur des airs à la mode. Salvador lui a même dédié une épitaphe ... anticipée.


Celui dont ce tombeau renferme le cercueil,
Fut un homme de bien, parfois un peu sceptique,
Esprit observateur, enclin à la critique,
Pourtant voyant tout d'un bon œil.
A la philanthropie, il semblait se complaire,
Il sut se faire aimer quoique un peu goguenard,
Ami sincère et sûr, il fallait pour lui plaire
Etre probe avant tout, homme d'esprit ou d'art !