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L'atelier C.& V.BRUNETTI
Dorure sur cristaux
Installé au 122, faubourg Saint Martin, Charles Joseph veut apprendre le métier à ses fils, comme il l'avait appris de son père Joseph, puis de Michel Oudart.

Charles Emile en fait son métier et seconde son père avant de lui succéder.
Entre 1879 et 1884, après quelques années d'apprentissage, Valério, plus jeune, veut voyager. Et ce n'est que fin 1890 qu'il rejoint définitivement l'atelier.

Vers 1892, Charles se retire et laisse l'affaire à ses deux fils Charles Emile et Valério. Curieusement, on ne trouve aucune trace des activités d'Emile, le dernier fils qui n'avait pourtant que quatre ans de moins que Valério.

L'affaire prend le nom de :
C. & V. BRUNETTI
"Décorations et impressions sur cristaux, verres et faïences".
Elle est florissante et les frères Brunetti "menaient grand train !" selon Madeleine, ma mère, belle-fille de Valério.
     
L'atelier du faubourg Saint-Martin,
avec Charles Emile au premier pla
n.

(Photo prise vers 1900)
Où était l'atelier de décoration des frères BRUNETTI ?
Une enquête de Gilles Marchaut, arrière-petit-fils de Charles Emile
Je me suis intéressé à retrouver l'atelier des frères Charles et Valério BRUNETTI.  Grâce à la photo d'époque de l'atelier, j'ai 4 indices :
  1.  L'adresse connue du 122 fg St Martin que je prends pour bonne car figurant au dos de la photo de l'atelier. Un détail : j'interprète "rue du Faubourg St Martin" d'aujourd'hui par "Faubourg St Martin" à l'époque de nos aieux.
  2. Le type de fenêtres assez peu courant. Une partie basse composéede 3 vitres de hauteur et une partie haute composée de 1 vitre de hauteur. Des fenêtres très garndes dignes d'un hôtel particulier. Et la supposition s'avérera exacte car le supposé atelier aurait été réellement installé dans un hôtel, l'hôtel de Bruynes.
  3. La façade de la pièce comporte 2 fenêtres, voire plus. Le travail de dorure demande une grand luminosité. Chaque personnagedispose d'une fenêtre comme le montre la photo de l'époque. Le recul nécessaire pour la prise de vue laisse supposer un espace suffisant pour une fenêtre supplémentaire. J'opte pour 3 fenêtres ouvrant à l'extérieur.
  4. L'orientation sud/sud-ouest de la pièce. La photo pouvant avoir été prise en milieu de journée (la demie pendule en haut à droite sempble ne pas montrer d'aiguilles, donc désigner la plage 10h - 15h) et le mur perpendiculaire à le fenêtre étant inondé de soleil, ainsi que les fioles à la gauche du personnage d'avant plan, j'en déduis grosso modo cette orientation de la pièce.
Sur le terrain, le 122 n'existe pas. Mais probablement que le passage des Récollets débute dans ce qui aura été le porche des 122/124 Fg St Martin. Je n'ai pas matérialisé d'entrée au 122 Passage des Récollets, mais au début à gauche, j'ai identifié un bâtiment qui possède au 1er étage quatre fenêtres comme celles de la photo. Sa façade est orientée en gros S/S-O. Très remanié, cet îlot affecté à l'Education Nationale occupe l'ancien Hôtel de Bruynes.
J'ai pu visiter les lieux. La pièce concernée par les fenêtres décrites est une grande belle salle ayant une même grande hauteur sous plafond que suggérée par la photo, ouvrant sur l'extérieur par quatre fenêtres. Les deux clichés présentent une bonne similitude dans les volumes.
Aussi, je conclurais que ce lieu visité est celui où travaillaient nos aïeux.


Façade 5/9, passage des Recollets
**  = fenêtres supposées de l'atelier



Photo prise en 2006 de la pièce de l'Hôtel de Bruynes correspondant à l'atelier C & V.
 La porte du fond a été percée récemment

La collaboration entre les deux frères dure une dizaine d'années.
Dès 1902/1903, Valério est malade (Ramollissement du cerveau, paralysie progressive, disait  son fils Jean, sans plus de précisions).
Hospitalisé à Ville Evrard quelques années plus tard, il meurt le 8 août 1909.

Charles Emile assure seul l'exploitation de l'atelier. Les difficultés sont de plus en plus nombreuses. La décision des Cristalleries de Baccarat de créer leur propre atelier de décoration sonne le glas de l'activité de C. & V. BRUNETTI. qui  cesse vers 1910.

Motif de décoration



 Tampon C & V en haut à gauche
du motif ci-contre
Lettre de Charles Émile à Léonie

M
a chère Léonie.
Je suis étonné que vous ayez marqué de la surprise que je n'ai pas répondu à votre lettre d'août.
A
moins de s'enfermer dans
le cadre des absurdes formules conventionnelles et banales de consolation, indignes de nous, elle n'en comportait pas, à mon avis.
Le
définitif est absolu. Etant donné que dans la vie, on ne peut rien éviter, il n'y a qu'à enregistrer passivement les coups du sort qui, rarement est aimable. ...
Votre tout dévoué beau frère, Charles .
Depuis quelques temps, les deux frères sont brouillés.
La maladie de Valério, l'isolement de Charles Emile, les difficultés financières ?

Difficile de savoir le pourquoi, ni même l'importance de cette brouille.


Léonie HABERT, épouse de Valério, a coupé les ponts à la suite d'une lettre de Charles Emile, qui n'a pas trouvé les mots de compassion et d'affection qu'elle attendait de son beau-frère lors de la maladie de son mari.

A la mort de Valério, le nom de Charles Emile n'apparaît pas sur le faire-part.